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C’est la saison de la truffe noire
La truffe noire Melanosporum
Provence - Terre et mer

C’est la saison de la truffe noire

Il en est de la truffe noire comme de la chèvre d’or, son histoire presque légendaire habite les bois et les coins escarpés de la Provence. Cette année, l’Enclave des papes a sept cents ans. 

Il est vrai qu’en France,  plusieurs variétés de truffes cohabitent. La noire (melanosporum), la blanche (dite d’été), la grise (de Bourgogne), la violette et la truffe qui sent l’ail. Aujourd’hui, la plus répandue est la truffe noire dite du Périgord et du Quercy. Mais elle nous vient surtout du Vaucluse, de la Drôme, de l’Isère, d’Ardèche, du Gard, de l’Hérault et même de l’Aude pour ne citer que ces principaux départements producteurs. 

Des origines de la truffe

La truffe était-elle à l’état sauvage dans le jardin d’Eden ? Rien de moins sûr. Vu que le chêne blanc ou vert est plus propice à son développement que le pommier. Alors peut-être au pied d’un noisetier ou d’un peuplier, la truffe aurait pu se développer.

Avant d’être appréciée des Romains, la truffe a été découverte par les Grecs. Et son origine a été fort discutée. La raison est qu’elle ne peut être semée. Car sa venue est aussi spontanée que la pluie. D’abord sauvage, elle est aujourd’hui cultivée à partir de plans mycorhizés. 

La truffe dans l'Enclave des Papes, 700 ans d'histoire ©BonBecBohème

À la Messe des Truffes 2017

Personnalités de la politique et passionnés sont présents ©BonBecBohème

À la Messe des Truffes 2017

Une heureuse journée ©BonBecBohème

La confrérie de la truffe noire

En direction des enchères dans le froid hivernal ©BonBecBohème

Après la Messe des Truffes

Toujours dans le froid hivernal ©BonBecBohème

La pesée pour les enchères

Moment volé... ©BonBecBohème

À la Messe des Truffes

Une église bondée ©BonBecBohème

La Messe des Truffes

Ce serait un dieu forgeron du nom de Héphaïstos qui aurait tiré de son tablier une petite boule de houille. Et il lui aurait donné une couleur noire et sa substance. Alors ça c’est magique. Ensuite, Dionysos lui offrit de se renouveler chaque saison. Puis, Aphrodite lui donna un soupçon de sublimité amoureuse. Là le talent des femmes est sans égal.

Alors, que de fées se sont penchées sur le berceau de la truffe. Puis, il revient à Ariane de l’enfouir sous la mousse entre deux chênes. Et comme il se doit, c’est Zeus qui fertilise ensuite la terre en un éclair. La foudre en personne à ce qu’on dit dans nos contrées. C’est dire si la truffe est née enveloppée d’une étoffe de mystère. 

Alors, des traces de ce champignon ont été trouvées en Mésopotamie. Notamment sur une tablette sumérienne vieille de 4000 ans. Car les Grecs connaissaient plusieurs variétés de truffes. Et cinq siècle avant notre ère, Pythagore a même vanté la truffe de Lesbos (une île grecque). Plutarque considérait ce champignon comme un « Enfant des dieux ». C’est pourquoi la truffe a été apprécié dès l’Antiquité, des Grecs et des Romains surtout.

Un mets diabolique remis à la mode par les papes

Le Moyen-Age a vu dans la truffe un produit diabolique. Tandis que la Renaissance lui reconnait des vertus aphrodisiaques. Mais c’est sa couleur noire qui lui porte préjudice. C’est alors qu’on lui attribue toutes les tentations de Satan.

Messe des truffes

La messe des truffes, Olivier Dalmet ©BonBecBohème

Une idée désormais chassée de nos contrées provençales. Aujourd’hui, tous les Provençaux en mangent, c’est une tradition. Et cela vient des papes a qui ont été apportées secrètement des truffes de Haute Provence. Le plus remarquable, c’est qu’ils l’ont alors remise au goût du jour. 

L’enclave des papes – qui regroupe Visan, Richerenches, Grillon et Valréas – est né en 1317 du temps où les Papes vivaient encore en Avignon. C’est à Richerenches qu’a lieu chaque année la Messe des Truffes. Et cela depuis les années 50. Cette Messe des Truffes est suivie d’une vente aux enchères conduite par la Confrérie du diamant noir et de la gastronomie. Et pour tout vous dire, le Grand Maître est Henri Veyradier.

Ensuite la somme des ventes et de la quête – qui avoisine les 5000 euros – est attribuée à la paroisse. En conclusion Olivier Dalmet, le curé de Richerenches et des 4 paroisses de l’Enclave des papes, est un des prêtres les plus heureux de France. Au diable l’avarice et les 7 péchés capitaux, on vous laisse découvrir en images, ce moment unique en Provence. 

Christelle Zamora

Article est paru sous une autre forme dans Le Dauphiné Libéré d’octobre 2017-mars 2018

Autres articles parus dans Midi Gourmand, Midi Tourisme (Midi Libre) de 2010 à 2015

photos ©BonBecBohème Photo d’ouverture ©BonBecBohème, Légende : Olivier Dalmet, curé des 4 églises paroissiales de l’Enclave des papes que sont Richerenches, Valréas, Visan et Grillon.

À lire dans Bon Bec Bohème, le dossier truffes noires

 


Christelle Zamora est une journaliste indépendante spécialisée dans le vin, la gastronomie et le tourisme. Elle a une formation de juriste en droit de la vigne et du vin, a suivi les cours du Wine and Spirit Education Trust (WSET), level 2 et 3. Impliquée dans la presse écrite de 1999 à ce jour, elle a co-écrit le Hors Série "1907-2007, un siècle rouge ardent" sur l'histoire du Midi rouge, période de fronde des vignerons languedociens et l'avancée de la mondialisation à compter des années 2000, pour Midi Libre. Pour ce titre, elle a intégré la rédaction des magazines pour 3 ans puis a été l'auteur d'un guide culturel. Parmi les artistes de la Bible de l'art singulier, éditions Livre d'Art en 2010. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont "Limoux, vignoble d'histoire et de légendes" aux éditions Privat (nov. 2018), "Le vin en 365 jours" aux éditions PlayBac (oct. 2019), Le vin et la dégustation intuitive aux éditions Féret (nov. 2019).

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