Christian Seely, directeur général d’Axa-Millésimes, a dirigé la restructuration de Quinta do Noval dans la vallée portugaise du Douro. Un domaine perçu aujourd’hui comme un des plus grands parmi les producteurs de portos de propriété.
- En matière de vins doux, vous exploitez Château Suduiraut à Sauternes, Diznoko, domaine de Tokaj en Hongrie, puis Quinta do Noval au Portugal, c’est un positionnement spécifique d’Axa millésimes ?
Le poids de ces vins doux liquoreux dans notre portefeuille est élevé mais ce n’est pas particulièrement voulu. Notre démarche est d’acquérir de très grands terroirs capables de faire des vins parmi les plus grands de leur catégorie et qui, au moment de notre rachat, ne sont pas exploités au maximum de leur potentiel. C’est notre stratégie et c’est le schéma de rachat de Quinta do Noval en 1993. C’est probablement le plus grand terroir de la vallée du Douro, capable de donner de très beaux vins mais il avait connu une période de déclin de vingt ans avant notre arrivée.
- Dans ces trois appellations, vous avez initié une production de vins secs, considérez-vous que ce marché sera de plus en plus significatif dans les régions productrices de vins doux mutés ou non ?
À Tokaj, nous sommes très concentrés sur les vins aszú qui sont au cœur de notre production. Il est vrai que certains producteurs ont augmenté leur production de vins secs, ce qui n’est pas notre ambition. À Suduiraut, nous avons lancé notre production de vins secs (700 caisses) et il s’agit d’un vin stratégique. Nous voulions montrer que nous pouvions faire un grand vin blanc sec sur un terroir premier cru à Sauternes. Quand nous avons lancé un second blanc sec à Suduiraut, le but n’était pas de remplacer les vins liquoreux mais de rendre possible la production de grands vins. Ces vins secs apportent plus de rentabilité. Je pense que le développement des vins blancs secs à Sauternes va pouvoir aider la région à poursuivre sa production de grands liquoreux. Pour Quinta do Noval c’est différent, car le porto de qualité se porte plutôt bien. Nous avons un positionnement particulier, nous sommes une maison traditionnelle très axée terroir par rapport aux autres maisons de portos. Nous faisons des vintages et de vieux tawnys de très grande qualité et nos portos de propriété n’ont pas besoin des vins rouges pour survivre. Nous avons un positionnement de niche et nous avons lancé des vins rouges secs du Douro parce que nous y croyons. Je pense que c’est un des plus grands terroirs viticoles au monde. Cette région a trouvé l’expression de sa grandeur dans les grands portos vintages qui sont parmi les plus grands vins du monde. Et je me suis dit que cela devait être possible de trouver la clé pour faire de grands vins rouges aussi.
- Pourquoi avoir effectué des plantations de cépages français de syrah et de cabernet sauvignon dans la vallée du Douro qui entend valoriser ses cépages portugais ?
Dans les années 90, nous avons menés nos expériences. Avec 145 hectares à Noval et 86 hectares à Romaneira dont je suis propriétaire, nous avons de la place. J’ai planté de la syrah, du cabernet sauvignon, du petit verdot et du mourvèdre, en très petites quantités et à titre expérimental. Mon but était de savoir si ces cépages pourraient trouver une expression intéressante dans le Douro. La syrah est un cépage caméléon qui s’est bien adapté au terroir du Douro tandis que le mourvèdre, puis le cabernet sauvignon, n’ont pas donné l’expression attendue. Le petit verdot dont j’ai 2 hectares à Romaneira se comporte assez bien.
- Pour quelle(s) raison(s) avoir renoncé au foulage en lagares pour la production de vins rouges secs du Douro, lequel se pratique toujours ?
Nous n’avons pas totalement renoncé aux lagares mais un des grands défis dans le Douro est la gestion des tannins. Nos cépages, comme le touriga nacional, correspondent aux portos car ils sont adaptés aux conditions climatiques du Douro. Et nous élaborons ces vins en lagares car pour les portos, l’extraction est compensée par le sucre. Mais pour les vins rouges, nous préférons l’extraction en cuve où la gestion des tannins est plus facile à contrôler. Néanmoins, le foulage au pied en lagares convient assez bien à notre syrah.
- En quoi le travail initié au vignoble de Quinta do Noval a-t-il été exemplaire pour l’appellation Douro DOC et la production de vins secs du Douro ?
Il y a vingt-cinq ans, nous étions parmi les pionniers mais loin d’être les seuls dans cette recherche des nouveaux vins rouges secs du Douro. Cependant, le fait qu’une quinta historique comme Noval se mette à produire des vins de qualité était un signal fort pour l’émergence de ces vins. Nous avons fait partie de cette nouvelle vague, c’était important. Car pour finir, les portos et les vins secs du Douro n’ont jamais été aussi bons qu’aujourd’hui.
Propos recueillis par Christelle Zamora – ITW parue dans le numéro 7 du magazine En Magnum
Quinta do Noval, portos et vins du Douro
Christian Seely, directeur général d’Axa-Millésimes, a dirigé la restructuration de Quinta do Noval dans la vallée portugaise du Douro. Un domaine perçu aujourd’hui comme un des plus grands parmi les producteurs de portos de propriété.
- En matière de vins doux, vous exploitez Château Suduiraut à Sauternes, Diznoko, domaine de Tokaj en Hongrie, puis Quinta do Noval au Portugal, c’est un positionnement spécifique d’Axa millésimes ?
Le poids de ces vins doux liquoreux dans notre portefeuille est élevé mais ce n’est pas particulièrement voulu. Notre démarche est d’acquérir de très grands terroirs capables de faire des vins parmi les plus grands de leur catégorie et qui, au moment de notre rachat, ne sont pas exploités au maximum de leur potentiel. C’est notre stratégie et c’est le schéma de rachat de Quinta do Noval en 1993. C’est probablement le plus grand terroir de la vallée du Douro, capable de donner de très beaux vins mais il avait connu une période de déclin de vingt ans avant notre arrivée.
- Dans ces trois appellations, vous avez initié une production de vins secs, considérez-vous que ce marché sera de plus en plus significatif dans les régions productrices de vins doux mutés ou non ?
À Tokaj, nous sommes très concentrés sur les vins aszú qui sont au cœur de notre production. Il est vrai que certains producteurs ont augmenté leur production de vins secs, ce qui n’est pas notre ambition. À Suduiraut, nous avons lancé notre production de vins secs (700 caisses) et il s’agit d’un vin stratégique. Nous voulions montrer que nous pouvions faire un grand vin blanc sec sur un terroir premier cru à Sauternes. Quand nous avons lancé un second blanc sec à Suduiraut, le but n’était pas de remplacer les vins liquoreux mais de rendre possible la production de grands vins. Ces vins secs apportent plus de rentabilité. Je pense que le développement des vins blancs secs à Sauternes va pouvoir aider la région à poursuivre sa production de grands liquoreux. Pour Quinta do Noval c’est différent, car le porto de qualité se porte plutôt bien. Nous avons un positionnement particulier, nous sommes une maison traditionnelle très axée terroir par rapport aux autres maisons de portos. Nous faisons des vintages et de vieux tawnys de très grande qualité et nos portos de propriété n’ont pas besoin des vins rouges pour survivre. Nous avons un positionnement de niche et nous avons lancé des vins rouges secs du Douro parce que nous y croyons. Je pense que c’est un des plus grands terroirs viticoles au monde. Cette région a trouvé l’expression de sa grandeur dans les grands portos vintages qui sont parmi les plus grands vins du monde. Et je me suis dit que cela devait être possible de trouver la clé pour faire de grands vins rouges aussi.
- Pourquoi avoir effectué des plantations de cépages français de syrah et de cabernet sauvignon dans la vallée du Douro qui entend valoriser ses cépages portugais ?
Dans les années 90, nous avons menés nos expériences. Avec 145 hectares à Noval et 86 hectares à Romaneira dont je suis propriétaire, nous avons de la place. J’ai planté de la syrah, du cabernet sauvignon, du petit verdot et du mourvèdre, en très petites quantités et à titre expérimental. Mon but était de savoir si ces cépages pourraient trouver une expression intéressante dans le Douro. La syrah est un cépage caméléon qui s’est bien adapté au terroir du Douro tandis que le mourvèdre, puis le cabernet sauvignon, n’ont pas donné l’expression attendue. Le petit verdot dont j’ai 2 hectares à Romaneira se comporte assez bien.
- Pour quelle(s) raison(s) avoir renoncé au foulage en lagares pour la production de vins rouges secs du Douro, lequel se pratique toujours ?
Nous n’avons pas totalement renoncé aux lagares mais un des grands défis dans le Douro est la gestion des tannins. Nos cépages, comme le touriga nacional, correspondent aux portos car ils sont adaptés aux conditions climatiques du Douro. Et nous élaborons ces vins en lagares car pour les portos, l’extraction est compensée par le sucre. Mais pour les vins rouges, nous préférons l’extraction en cuve où la gestion des tannins est plus facile à contrôler. Néanmoins, le foulage au pied en lagares convient assez bien à notre syrah.
- En quoi le travail initié au vignoble de Quinta do Noval a-t-il été exemplaire pour l’appellation Douro DOC et la production de vins secs du Douro ?
Il y a vingt-cinq ans, nous étions parmi les pionniers mais loin d’être les seuls dans cette recherche des nouveaux vins rouges secs du Douro. Cependant, le fait qu’une quinta historique comme Noval se mette à produire des vins de qualité était un signal fort pour l’émergence de ces vins. Nous avons fait partie de cette nouvelle vague, c’était important. Car pour finir, les portos et les vins secs du Douro n’ont jamais été aussi bons qu’aujourd’hui.
Propos recueillis par Christelle Zamora – ITW parue dans le numéro 7 du magazine En Magnum
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