En 2017, le groupement coopératif Foncalieu fête ses 50 ans. Et ce n’est pas un vieux-beau pour autant ! D’abord, le Comptoir de la cité prépare son ouverture à Carcassonne pour 2018. Et cela dans une villa 1900, au pied de la cité.
En 1967, la guerre du Vietnam résonne encore dans le paysage international, la France légalise l’avortement et les Britanniques régissent les rapports entre adultes homosexuels consentants. Vous me direz aucun rapport. C’est vrai, et alors ? À la même date, le groupement coopératif Foncalieu n’exploite que 300 ha de vignes. En 2017, le même groupement en cultive 4000 ha, soit 13 fois plus qu’il y a 50 ans.
Alors, dire que la coopération est démodée serait complètement anachronique dans cette partie du Languedoc. D’ailleurs, avec l’âge, elle prend des allures vintage. Vignobles Foncalieu exporte 55% de sa production. Et le groupement coopératif réalise un chiffre d’affaires de 54M€. Le soleil est donc au beau fixe pour ce groupement. À 50 ans, il fait peau neuve.
Pour l’occasion, on est allé dans le vignoble du Minervois en deuche (2CV Citroën). La deuche est née en 1948 tandis que quelques années plus tard, en 1967, elle a vu naître la Diane. Cette petite nouvelle annonce le déclin de la 2CV qui sera classée sans suite vingt ans plus tard. Alors sous ce soleil, on a traversé les vignobles, les rangs de vignes bien droits. On a vu la nature parsemée d’amandiers et de fenouils sauvages. Dans le Minervois, la nature est aux quatre vents. Le soleil crame la route et le canal du Midi siffle la promenade.
Et puis on arrive à Puicheric, la petite Venise de l’Aude, où Foncalieu a planté du sauvignon gris. Le cépage se plait bien sur les terrains les plus faciles. Et puis les autres, la roussane, la marssanne, le marselan, le grenache gris, s’épanouissent sur d’autres sols. Alors bien sûr le carignan espagnol rapporté par les anciens des pèlerinages de Compostelle tient encore la route.
Sur cette immense vignoble de Foncalieu, de petits vignerons ont été sélectionnés. Parmi eux, il y a Romain Torecilla (ci-dessus) qui cultive des parcelles comme ici une syrah trentenaire. Ces vins ont été sélectionnés pour l’Atelier Prestige de la maison. Son terroir est parmi les plus frais de Foncalieu.
Ce vigneron fait partie d’une groupe de quinze autres. Ils ont tous expérimenté, depuis 7 années, 4 terroirs et 4 vins. Parmi les terroirs, tous frais, Corbières, Saint-Chinian, Minervois et IGP côteaux-d’enserune. A eux 15, ils forment un atelier en recherche permanente. Ils effectuent un gros travail à la vigne, sur le tri aussi car ils délaissent 15% de baies.
A day of #wine #tasting of the cellar of #Foncalieu with @matstubbs pic.twitter.com/dqE5zYbwnf
— Bon Bec Bohème (@BonBecBoheme) 26 octobre 2017
On a testé quelques millésimes de l’Atelier Prestige, en AOP Minervois et AOP Saint-chinian. Tous les vins de la gamme sont à 27€.
- Le Lien 2009, une AOP Minervois 100% syrah. Sur ce 2009, on n’a pas observé d’évolution mais beaucoup de fraîcheur. L’élevage s’est fait à 70% en barrique neuve, le millésime a été compliqué. Très chaud. Le vin est un peu rustique, il a des notes de fumé, vanille que l’on retrouve en bouche. Des notes de fruits noirs et de pruneaux, plutôt tertiaires sont apparues. Ce vin est dans la force de l’âge, prêt à être bu. 14/20
- Le Lien 2010, la cuvée est encore 100% syrah. Le nez est plus floral, sur la violette avec des notes de viandes. Frais, fruité, il est plus fin bien qu’encore boisé. Le fruit et l’alcool sont bien présents. 14,5/20
- Le lien 2012, la cuvée accueille pour ce millésime 20% de grenache. On un nez plus fin sur le fenouil, la violette, les fruits rouges qui s’expriment ouvertement. La fraîcheur et une jolie longueur en bouche laissent une impression d’équilibre. Peut-être parce que le millésime était moins chaud. 15,5/20
- Le Lien 2013, l’assemblage étant réussi, on retrouve le grenache dans les même proportions. Mais un millésime a été plus difficile. Le vin n’en n’est pas moins intéressant. Typé, Le Lien 2013 a du caractère. Il est épicé et énergique. Derrière une pointe poivrée, s’élève une belle structure. 16/20
- Le Lien 2014, le vin flatte l’élégance et le terroir se montre davantage. Peut-être parce que la proportion de bois neuf a baissé, en plus d’un élevage porté à 17 mois. A cela s’ajoute l’origine du bois, plus fondu, moins marquant. 16,5/20
- Le Lien 2015, joli nez de girofle, de viande, de gibier et de poivré. La garrigue pointe aussi son nez et se marie à merveille au millésime. Plutôt réussi. il faut attendre pour le boire. Mais il est prometteur. 15,5/20
- L’Apogée 2008, AOP saint-chinian, 95% de syrah, 5% de grenache. Plus de continentalité, un peu d’altitude, environ 200 mètres réussissent bien à ce vin. Sous-bois, truffe, réglisse patinent cette jolie cuvée. on la boira volontiers sur un peu de charcuterie fumée. C’était une jolie première tentative. 14,5/20.
- L’Apogée 2012 et 2013 sont à la vente, les deux méritent d’être gardés. 13,5/20
- L’Apogée 2014 a un nez délicat et un côté torréfié, épicé. Bien que plus large que long, il porte la marque d’un sol calcaire, des arômes de romarin et beaucoup de fraîcheur au palais. L’Apogée 2014 vieillira bien, avec de jolis tannins fondus. 15,5/20
Tous ces vins signent un très joli projet coopératif qui inscrit la cave de Foncalieu parmi les volontaires pour la qualité. On ne peut que bien accueillir un tel suivi. La démarche signe des vins premium. Enfin, la sélection parcellaire, la modernisation de la vinification, la recherche des élevages et des assemblages donnent des résultats visibles.
Christelle Zamora, Photos ©BonBecBohème
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