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Valence, entre rouges réputés et blancs subtils
A Valence, un terroir de rouges et de blancs
Auvergne-Rhône-Alpes - Vins

Valence, entre rouges réputés et blancs subtils

À l’instar de Paris ou de Nice, Valence peut s’enorgueillir de son vignoble citadin. Ce clos situé contre les remparts du centre-historique, entre le parc Saint-Ruff et le jardin médiéval, invite à découvrir les vignobles du Valentinois.

À l’initiative de l’association des vignes de Saint-Jean, cinq cents ceps de viognier – cépage-roi des crus condrieu et château-grillet – ont été plantés dans ce clos valentinois. Par conséquent, la cave de Tain vinifie chaque année trois cents cols de Cep Saint-Jean. Or ce clos devrait faire le lien avec la future cité de la gastronomie valentinoise. Car autour de Valence, trois crus du Rhône septentrional – il en compte huit – font rayonner la cité.

À l’ouest de Valence, la vigne se déroule sur les collines bleues de l’Ardèche si chères à Frédéric Mistral. Marsanne et roussanne s’allongent en pentes douces de Saint-Péray à Toulaud, sous les ruines du château de Crussol. Car le cru saint-péray, appellation la plus méridionale du Rhône septentrional, est un terroir montant de blancs de la rive droite. Bien que minoritaires, les effervescents de saint-péray introduits en 1830 sont encore élaborés par des passionnés.

Ainsi, le domaine du Biguet perpétue la tradition. Le domaine Chaboud croit à son renouveau. Et la maison Chapoutier a lancé une cuvée effervescente de marsanne, en France et à l’export. Quant à la maison Ferraton, propriété de Chapoutier, elle produit six mille cols de vins secs de saint-péray. Et elle envisage des plantations sur la décennie tant ce cru de blanc est prometteur.

Cornas, un cru de rouge. En face de Valence, entre les rochers de Crussol et de Rochepertuis, l’appellation cornas partage avec saint-péray un paysage d’essences méditerranéennes. Et avec côte-rotie de ne produire que du rouge. Comme dans tout le Rhône septentrional rouge, la syrah est le seul cépage autorisé. Cent vingts hectares plantés sur des plateaux illustrent la résistance de Cornas à l’expansion urbaine. Et ici, comme à Saint-Péray, le vin porte un nom communal.

Les domaines Clape, Allemand ou Robert sont de beaux compositeurs de cornas. Et les domaines Durand, Courbis, Cuilleron ou Voge sont des domaines historiques. Jean-Luc Colombo, du domaine éponyme, a introduit l’élevage sous bois. Il a beaucoup oeuvré pour l’évolution qualitative des vins de l’AOC cornas. 

Le berceau historique du cru saint-joseph. Le coeur de saint-joseph se déploie de Tournon à Mauves. À Châteaubourg, le 45e parallèle traverse le domaine Courbis. Il se dit qu’il embellit cornas et saint-joseph. Chez Coursodon, la gamme de saint-joseph est issue de parcellaires du berceau historique de Mauves. Le domaine du Tunnel est une étoile montante. Il fait les vins les plus ronds des deux appellations. 

« Depuis les années 90, ce vignoble étendu de Guilherand – au sud – à Chavanay – au nord, regagne peu à peu les coteaux qualitatifs. Avec 1200 hectares, 90% des vins de saint-joseph sont rouges contre 10% de blancs très recherchés », développe Joël Durand, président du syndicat de l’AOP saint-joseph. Les caves de Saint-Désirat et de Tain, très diversifiées, sont deux acteurs majeurs des terroirs de saint-péray, saint-joseph et cornas.

Chapoutier-Pic, l’alliance d’une femme-chef et d’un négociant. Michel Chapoutier est ici connu pour sa personnalité et son ouverture au monde. Ce négociant visionnaire a été un modèle de l’agriculture biologique et de la biodynamie. Le négociant s’est encore associé à Anne-Sophie Pic, seule femme-chef triplement étoilée. Cette alliance s’est ancrée autour des vins de saint-péray, saint-joseph et cornas. Une gamme de neuf vins a été construite autour de mets rhodaniens. Mais il se dit aussi qu’Anne-Sophie Pic affectionne encore un blanc du domaine Lombard. Alors, il faut quitter l’Ardèche pour la Drôme.

Brézème, l’entre deux mondes de la rive gauche. Alors que saint-péray et cornas s’adossent au massif central, brézème s’étend au sud de Valence sur les contreforts des montagnes du Vercors. Ce vignoble confidentiel s’étend autour de Livron-sur-Drôme. Sur cette appellation de rouge et de syrah, les blancs sont déjà travaillés. Brézème est la seule appellation septentrionale à pouvoir assembler viognier, marsanne et roussanne, les trois cépages blancs emblématiques du Rhône Nord. Avec un statut entre deux mondes, l’un septentrional et l’autre méridional, les vins ont la mention Brézème lorsqu’ils sont en AOP côtes-du-rhône. Parmi les huit domaines de l’appellation de trente-huit hectares, Lombard, Helfenbein et Château la Rolière sont représentatifs.

Négoce et coopération : du parcellaire, du bio et de la biodynamie. La cave de Saint-Dézirat a été créée en 1960. Et elle représente 40% de la production de saint-joseph. Elle commercialise l’élégant Coeur de Rochevine, un saint-joseph de sélection parcellaire.

«Si les maisons Chapoutier, Jaboulet, Guigal, Perrin et Delas, sont installées à Tain l’Hermitage, ces négoces sont très liés aux crus saint-joseph, cornas et saint-péray. Avec Chapoutier, la cave de Tain est premier producteur de saint-péray. Avec le domaine Colombo, nous sommes premiers producteurs de cornas. En saint-joseph, nous sommes second derrière la cave de Saint-Désirat», argue Xavier Gomart, directeur de la cave de Tain.

Précurseur, Michel Chapoutier a donc montré la voie du bio et de la biodynamie. Chez Jaboulet, la conversion a débuté au rachat de la famille Frey, en 2007. « Produire propre et sain, garder les sols vivants, a été pour nous un objectif de qualité. Dès 2010, le vignoble a été conduit en Agriculture Biologique et le millésime 2016 sera estampillé AB chez Jaboulet », souligne Jacques Desvernois, directeur technique.

Le vignoble de la maison Ferraton est en biodynamie. «Sur les crus cornas et saint-joseph, nous souhaitons mettre en lumière, en complément de nos vins, différents styles de syrah avec la production de lieux-dits» conclut Patrick Rigoulet, le directeur des ventes.

Extrait d’un reportage réalisé par Christelle Zamora pour Le Dauphiné libéré, photos ©DR


Christelle Zamora est une journaliste indépendante spécialisée dans le vin, la gastronomie et le tourisme. Elle a une formation de juriste en droit de la vigne et du vin, a suivi les cours du Wine and Spirit Education Trust (WSET), level 2 et 3. Impliquée dans la presse écrite de 1999 à ce jour, elle a co-écrit le Hors Série "1907-2007, un siècle rouge ardent" sur l'histoire du Midi rouge, période de fronde des vignerons languedociens et l'avancée de la mondialisation à compter des années 2000, pour Midi Libre. Pour ce titre, elle a intégré la rédaction des magazines pour 3 ans puis a été l'auteur d'un guide culturel. Parmi les artistes de la Bible de l'art singulier, éditions Livre d'Art en 2010. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont "Limoux, vignoble d'histoire et de légendes" aux éditions Privat (nov. 2018), "Le vin en 365 jours" aux éditions PlayBac (oct. 2019), Le vin et la dégustation intuitive aux éditions Féret (nov. 2019).

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