Si vous êtes perdus dans le choix d’un rouge septentrional, optez pour un saint-joseph. Rouge ou blanc, il saura vous contenter. À condition de le boire au bon moment. Alors visitons cette appellation du Rhône septentrional âgée de tout juste 60 ans.
On dit de cette appellation qu’elle est la colonne vertébrale du Rhône septentrional. Et pour cause, elle se déroule sur 26 communes de la rive droite du Rhône, dans l’Ardèche et la Loire. Cela sur près de 60 kilomètres et 1200 hectares. De Mauves à Vienne pour ainsi dire.
Parmi les huit crus septentrionaux, le saint-joseph rouge est bien entendu élaboré à base de syrah, seul cépage rouge autorisé dans cette vallée. Bien sûr, il y en a d’incontournables comme Le Berceau de Bernard Gripa ou cette cuvée d’Alain Voge sur la photo. Certaines vignes de syrah sont centenaires comme ci-dessous une partie de cette parcelle en terrasses à Saint-Jean-de-Muzols, chez Guy Farge.
Côté blanc, marsanne et roussanne donnent de jolis vins blancs, très demandés. Mais, la marsanne est plus courante parce que plus facile à cultiver. Même si la roussanne revient sur le devant de la scène, elle est plus rare. Ils sont quelques-uns à la cultiver dont les domaines du Tunnel, Coursodon… Toutefois, certains produisent du saint-péray, appellation voisine montante de blanc.
Parmi les domaines les plus représentatifs, celui de Jérôme Coursodon ci-dessous sur ses parcelles historiques de Mauves. Car ce domaine produit uniquement du saint-joseph rouge et blanc.
Ici, le négoce est partout implanté. Mais, les caves coopératives de la rive droite comme de la rive gauche produisent beaucoup de saint-joseph. C’est la cas de la cave de Saint-Désirat qui regroupe plus de 350 coopérateurs. Car cette cave représente aujourd’hui 50% de la surface de l’AOC Saint-Joseph. Notamment, elle réalise un joli rouge, la cuvée Rochevine issue d’un domaine qu’elle a en propriété. En blanc, la cuvée Amandine est bien représentative de l’AOC.
Les négoces – Guigal, Jaboulet, Chapoutier, Perrin – ont aussi une politique de crus et de lieux-dits. Et c’est notamment le cas de la maison Ferraton, propriété de Michel Chapoutier. Ce dernier est vu comme le chantre de la biodynamie du Rhône septentrional, depuis les années 90.
La maison Ferraton produit du saint-joseph blanc et rouge. Car elle cultive 5 hectares en biodynamie. On reconnait ses cuvées à ses lieux-dits : Paradis, Bonneveau… Des vins sur l’excellence. « L’approche de la maison sur l’AOC Saint Joseph est de mettre en lumière les différents visages de la Syrah avec la production de 4 lieux-dits sur Saint Joseph » souligne Patrick Rigoulet, directeur des ventes chez Ferraton.
D’autres négoces comme Jaboulet, propriété de la famille Frey, se sont entièrement convertis en bio. Le domaine renommé de la Croix des vignes devrait afficher le label sur le millésime 2016. La maison Jaboulet est donc de ces maisons de négoce qui montrent la voie vers la biodynamie.
Très appréciable, le saint-joseph blanc ou rouge du négoce Les Vins de Vienne. Situé au nord de l’appellation, il réunit les domaines Cuilleron, Villard et Gaillard. Alors, ce négoce-artisan veut faire renaître le vignoble de Seyssuel, pour le protéger de l’urbanisation. Leur cuvée L’Arzelle blanc 2014 est assez jolie et, chez Cuilleron, le saint-joseph rouge, lieu-dit Digue 2015, est plutôt plaisant.
Dans cette région aux terroirs exceptionnels, les caves coopératives sont au top. Car elles sont vertes et/ou pratiquent le bio et le parcellaire. La cave de Tain cultive aussi des vignobles en saint-joseph. Très compétitive, elle reste respectueuse de l’environnement. Ci-dessous, les nouvelles cuves de la cave de Tain qui permettent un travail parcellaire et plus de qualité…
#CaveDeTain, Europas #Marktführer für #Shiraz, will #biodynamisch produzieren, sagt Direktor #XavierGomart #Demeter https://t.co/P5lm0702cv pic.twitter.com/KaOBCIBfo0
— Mein #Frankreich (@MeinFrankreich) 21 février 2017
Dans les cuvées Esprit de Granit de sélection parcellaire, son directeur Xavier Gomart (ci-dessus) aime rappeler que les terres granitiques du Rhône septentrional en font toute la réputation.
L’appellation saint-joseph s’est restructurée dès la fin des années 90. Beaucoup trop de ses vignobles s’étaient répandus en plaines. Aujourd’hui, les vignes ont regagné les coteaux. Et ce n’est pas un mal. Car l’appellation en tire bénéfice en qualité et notoriété. Un très beau millésime 2015 fait place à un 2016 prometteur.
Alors quand boire un saint-joseph ? Un saint-joseph peut se boire dans les 5 ans. Toutefois, certains peuvent bien aller au-delà de 10 ans. C’est d’autant plus le cas de l’appellation voisine de saint-joseph, l’AOP Cornas dont il faut garder les vins entre 8 et 12 ans, avant de les boire. Enfin, les blancs peuvent être bus plus tôt et jeune. Selon les terroirs et le millésime dans les 4 à 10 ans aussi. Mais comme ils s’en produit moins, mieux vaut les réserver à l’avance.
En conclusion, on peut séjourner à Tournon-sur-Rhône pour la partie méridionale de l’AOC. Se régaler aux Carafes en folies, un caviste-restaurateur extra. Sur la route, on s’arrête chez Valrhona ou chez Revol – pour les chocolats ou la porcelaine – selon qu’on se balade dans le sud ou le nord de l’appellation.
Christelle Zamora – Photos ©BonBecBohème – À lire le dossier à paraître dans Le Dauphiné Libéré magazine, avril 2017.
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