L’appellation côtes-d’Auvergne obtenue en 2010 témoigne des efforts accomplis par les vignerons auvergnats. Car l’appellation compte aujourd’hui cinq crus. Sur ce territoire un peu oublié, la production se mobilise.
L’appellation côtes-d’Auvergne produit des vins dans les trois couleurs. Mais les crus désignés en 2011 ne concernent que les catégories de vins rouges secs (Madargue, Chateaugay, Chanturgue, Boudes) et le rosé de Corent.
Le rosé de Corent est historique en Auvergne. Et de nombreux ouvriers Michelin – la marque a toujours son siège social à Clermont-Ferrand – avaient jadis leur pot de rosé, pour la pause-déjeuner. Un temps où Michelin construisait des maisons d’ouvriers, sur les hauteurs de Clermont. Alors ce rosé AOC côtes-d’Auvergne de Corent est produit à partir du cépage gamay. Elaboré par pressurage direct, il exprime vivacité et fraîcheur aromatique. Son style est plus proche des rosés de Provence que du Tavel, aujourd’hui plus vineux.
Gamay, pinot noir et chardonnay sont les trois cépages de l’AOC côtes-d’Auvergne. Mais c’est le gamay qui domine les assemblages en rouge, en plus d’être l’unique cépage du rosé de Corent. Enfin, d’autres cépages sont cultivés hors AOC. La dégustation des IGP puy-de-dôme en rouges secs a montré la diversité des vins de cette catégorie. Alors, si un travail d’orientation fait défaut dans la démarche IGP puy-de-dôme (40 ha), celui-ci pourrait être conduit ces prochaines années. Dans ces IGP, on trouve du pinot noir, de la syrah, parfois du gewurztraminer et même du sauvignon.
Si ces vins IGP peuvent être un peu disparates, ils explorent néanmoins des encépagements intéressants sur ces sols volcaniques. Ainsi, la syrah est-elle cultivée plutôt en monocépage comme nos voisins du Rhône septentrional. Mais il s’agit de la petite syrah, une Auvergnate ambitieuse. La cave coopérative de Saint-Verny, rachetée par Pierre Desprat – Maison Desprat à Aurillac (Cantal) – a lancé des plantations de pinot gris. Et Pierre Desprat s’est encore associé au vigneron Pierre Goigoux, sur le cru Châteaugay.
Côtes d’Auvergne – Pierre Goigoux, vigneron, s’est associé à Pierre Desprat https://t.co/AHwB4XP8jj pic.twitter.com/FUh1a0dDpk
— LaLocalerie (@LaLocalerie) 27 juillet 2016
Une locomotive des côtes-d’Auvergne
Pierre Desprat (photo ci-dessous) était le principal client de la coopérative Saint-Verny Vignobles avant de signer une joint-venture en 2016, avec le groupe Limagrin. Ces dernières années, ce distributeur a multiplié ses investissements dans le vignoble auvergnat. Il entend faire rayonner les vins d’Auvergne en dehors des frontières régionales. 50 hectares (chardonnay 809, syrah, pinot gris, gamay) entreront en production d’ici 5 ans.
Dans le même temps, Pierre Desprat projette de construire un nouveau chai. Si cette locomotive des vins d’Auvergne produit 800 000 cols, elle table sur 1 million de cols. Et elle représente un peu moins de la moitié de l’AOC côtes-d’Auvergne de 400 ha. Sur les marchés, la cave coopérative exporte en Angleterre, aux Etats-Unis. Et depuis 2 ans, elle vend une cuvée rouge parcellaire baptisée L’impromptu, au Canada.
Des vignerons-amateurs
Fait amusant, unique en France, l’association V63 se compose de vignerons-amateurs. Et cette manie d’avoir des vignes chez soi régale les Auvergnats. « L’Auvergne a été une terre de vignobles par le passé. Puis la polyculture s’y est généralisée. Ainsi, aujourd’hui, environ 200 vignerons-amateurs cultivent-ils leur lopin de vignes. Et ils font leur vin. Celui des copains. Depuis la création de cette association il y a quinze ans, nous avons créé un laboratoire. La majorité des ces vieilles vignes sont des cépages de gamay », commente Jean-Louis Auvergnas.
Christian Barbalat, l’ex-directeur du laboratoire oenologique de Clermont-Ferrand souligne par ailleurs que : « Les blancs ne représentent que 10% de l’appellation. Et pourtant, ils ont de l’avenir mais ce sont les seuls à ne pas être classés en cru. Nos vignes de chardonnay sont implantées sur des sols argilo-calcaires. Leurs arômes d’agrumes et de beurre-noisette les situent entre les Chablis et les Meursault. Et puis, le pinot noir se plait assez bien sur nos terres volcaniques ou marno-calcaires. »
Un vent de renouveau
Du côté des vignerons indépendants, le coeur y est assurément. Parmi la trentaine, de jeunes vignerons trentenaires sont prêts à prendre la relève. Ils veulent raconter une nouvelle histoire. Ou encore s’inscrire dans le sillage des anciens vignerons bio, tels Gilles Persilier ou Jean-Pierre Pradier. Yvan Bernard, le président du syndicat viticole des côtes d’Auvergne est de ceux-là. « Avec 112 ha de vignes, nous représentons 30% du vignoble auvergnat. Et nous vinifions 53% des crus de l’appellation côtes-d’Auvergne de 62 ha. Sur cette bande de 80 km, nous avons 53 communes classées en zone d’appellation », explique-t-il.
Yvan Bernard produit des vins bio. Il n’a pas eu de parents vignerons. Et c’est le cas de la majeure partie de la jeune génération. Des néo-vignerons tentent ici une installation hors cadre familial. S’ils ont moins de 40 ans, il sont aidés pour cela.
Alors pour certains, le retour aux sources se fait projet d’avenir. C’est le cas de Benoît Montel à Riom. Ce partisan de la culture raisonnée réalise quelques cuvées de syrah depuis les années 2000. Mais ce vigneron est aussi le seul vigneron à élaborer trois crus de Madargue, Chateaugay et Chanturgue. Notre homme se passionne pour les micro-cuvées. Il expérimente même l’amphore.
Yvan Bernard affectionne le vignoble de Chanturgue, un cru de rouge. Situé sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, Le clos des amoureux est un îlot résistant à l’urbanisation. « Sur ce vignoble urbain de Chanturgue de 3 ha, c’est l’histoire de la ville qui est racontée. Il est difficile de conserver une vigne en milieu urbain aujourd’hui. Cela en raison des nuisances et de l’urbanisation croissante. » Les ceps de vignes des futures parcelles sont à vendre 800€. Et ils cherchent parrains et marraines.
La jeune génération auvergnate se dit aujourd’hui militante. Elle manifeste donc la volonté de s’inscrire dans la lignée de ceux qui ont osé faire du bio en Auvergne. Gilles Persilier – vigneron à Gergovie – ou Jean-Pierre Pradier ont ouvert la voie. Enfin, la relève semble prête si l’on en croit encore Michael Hyvert, tout jeune repreneur du domaine de Jean-Pierre Pradier, venu de Tahiti en métropole pour faire du vin. Quant à Pierre Deshors du domaine de La Tour de Pierre, cet ingénieur agronome a étudié à Montpellier. Il a travaillé dans l’Hérault avant de crééer son domaine à Crest. Il faut croire que l’Auvergne lui réussi puisqu’il est désormais président de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme.
Que faire, où sortir où dormir ?
Reste encore à explorer, les attraits touristiques de l’Auvergne. Et notamment ses volcans. Mais du côté de la viticulture, les infrastructures semblent manquer pour recevoir les touristes. Dans l’immédiat, la balade vigneronne de Châteaugay le 30 juillet prochain est une façon de découvrir le vignoble auvergnat.
À Clermont-Ferrand, la Gourmandine est un bistrot-bar à vin accueillant. Le patron du lieu est jeune et passionné de vins. Alors, toutes les régions sont honorées de précieuses références. On recommande cette adresse. Pour dormir, la pension de famille Villa Pascaline est un havre de paix en plein coeur de ville.
En conclusion, le concours des vins d’Auvergne est un moment important pour le syndicat éponyme. Ce rendez-vous annuel de la profession compte des AOC côtes-d’Auvergne et des IGP puy-de-dôme. Pour les cuvées dégustées, suivre bon_bec_boheme sur Instagram. Pour les résultats du concours :
#Auvergne Le palmarès 2017 du concours départemental des #vins #Clermont-Ferrand https://t.co/L3Ehl1Eq6G
— Bon Bec Bohème (@BonBecBoheme) 20 mai 2017
Christelle Zamora, photos ©BonBecBohème
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