A Montagnac dans l’Hérault, Anaïs Ricôme s’est mise bille en tête de produire du picpoul-de-pinet en agriculture biologique. Une fois la conversion en marche, elle va améliorer la production et la vinification de ses vins. Le résultat ? Deux cuvées élevées en jarres.
C’est peu dire que le chemin de vigneronne d’Anaïs Ricôme dans son domaine de La Croix Gratiot n’a pas été un long fleuve tranquille. Cette jeune femme de 36 ans l’a repris de A à Z en 2009, après avoir fait viti-oeno. Mais elle s’initiera d’abord à la biodynamie auprès de Pierre Masson. Au commencement en 2004, le domaine faisait 60 ha contre 33 aujourd’hui. Le vignoble est conduit par son père et son oncle tandis que la récolte et l’encépagement étaient destinés à la cave coopérative. A ce moment-là, la jeune femme part vinifier en Nouvelle-Zélande…
La décision de s’installer
A son retour, Anaïs Ricôme se décide alors à s’occuper du domaine familial. Mais ce ne sera pas en l’état. Son objectif ? Reprendre 30 ha et commercialiser ses vins en bouteilles. Elle rachète par conséquent les parts de son oncle, choisit ses parcelles. Entreprend même de revoir l’encépagement. Sa vision ? Un domaine à taille humaine, des techniques de production douces et respectueuses de l’environnement. Le vignoble était planté de merlot, de cabernet. Des cépages qu’elle va arracher.
Des cépages adaptés
D’emblée, elle plante des cépages rouges, de la syrah, du pinot noir, du mourvèdre et du grenache. Puis vient le choix des cépages blancs, Anaïs opte pour :
- Piquepoul
- Muscat
- Roussanne
- Sauvignon
- Chardonnay
Au domaine, la jeune vigneronne remarque que les parcelles de piquepoul sont à maturité bien plus tard que le reste de l’appellation. Ce côté tardif va la stimuler pour faire des essais. D’abord, ce sont les élevages en fûts qui seront testés avec différentes chauffes et origines de bois. Puis vient le temps des jarres. Là-aussi, elle s’intéresse à la matière. Après un essai peu concluant d’élevage en terre cuite, elle tente une vinification en jarres de grès.
Le résultat ? Un apport de gras et un élevage sur lies autonome. Dans les barriques, la main de l’homme va intervenir pour les faire remonter à la surface. En jarre, le travail se fait seul. C’est plus doux.
Anaïs Ricôme
Explication. Surtout utilisé pour les vins blancs, l’élevage sur lies apporte rondeur et complexité. Il va permettre une belle évolution aromatique. Dans des barriques, le vigneron va remuer les lies (un dépôt de levures) pour accentuer cet effet. On parle alors de batonnage. Dans l’élevage en jarre, le résultat est une texture patinée des vins.
Un terroir coloré
Et Anaïs Ricôme associe plusieurs méthodes. Pour finir, elle choisit une fermentation en cuves bétons, un élevage en jarres pour deux de ses cuvées. Ajoutez à cela que le domaine de La Croix Gratiot s’étend sur des sols argilo-calcaires sur les bords de l’étang de Thau. Mais encore que le vignoble est entouré d’une garrigue odorante (thym, pin, essences méditerranéennes). Et pour finir l’air marin vient caresser les ceps baignés de soleil.
Ce matin, j’ai sillonné le vignoble près de Montagnac dans l’Hérault et que de beaux paysages d’eau, de #sel, de #vignes et de #garrigue pic.twitter.com/XPa7io7L1E
— Christelle Zamora (@BonBecBoheme) January 28, 2021
Vue hivernale aux alentours du domaine La Croix Gratiot sur les bords de Thau et la commune de Montagnac, dans l’Hérault.
La dégustation des 5 blancs
Le syndical (AOC picpoul-de-pinet) : Habillé de la bouteille syndicale de l’AOC, ce vin surprend déjà. D’entrée de jeu, il a une signature maison, avec un nez séduisant sur le fruit et la fleur d’aubépines. A la fois mûr et frais, il est délicatement parfumé. Pour finir, 7,60€ est un bon rapport qualité-prix pour les amoureux de picpoul.
Bréchallune (AOC picpoul-de-pinet) : Cette cuvée fait l’objet d’un élevage en jarres de 6 mois, 30% de ce piquepoul est élevé en jarre et 70% en cuve béton. Une cuvée cristalline, iodée, bien ancrée dans son terroir avec des notes de bergamote. On aime sa pointe de poivre blanc en finale. Et son prix de 12€, reste abordable.
Désir Blanc (IGP vin de pays de l’Hérault) : On opte pour une cuvée au fruité plus exotique. Viognier, roussanne, chardonnay et une touche de muscat caractérise ce vin bien élevé en cuve. Un vin spontané. Le préféré des mariés. Et pour son prix aussi : 7,40€.
Les Zazous (IGP Pays d’Oc) : Pour ceux qui aiment les vins blancs avec du gras, de la rondeur et de la corpulence en bouche. Tout à fait différent des autres, au nez légèrement toasté. Un vin plaisir (piquepoul blanc, roussane) en AOC Languedoc. Pour ceux qui affectionnent les vins boisés, il en coûtera 13€.
Le Chant des Dolia (AOC Languedoc) : Cette fois la totalité de la cuvée a bénéficié d’un élevage en Dolia de grès, précédée d’une fermentation en cuve béton. Avec sa roussanne, cépage rhodanien, ce vin est très pur en bouche. Ajoutez à cette bouche, des notes de verveine et de citronnelle. Voilà un vin qui s’apprécie. Idéal avec poissons, huitres chaudes, noix de Saint-Jacques, brie de maux. Concluons qu’il faut tout de même y mettre le prix : 21€.
Nota Bene : pour l’heure le domaine est en conversion biologique, donc n’a pas encore le label. Il est néanmoins cultivé selon les principes de la biodynamie, bien qu’il n’en ai pas encore la certification. En somme, La Croix Gratiot est en bonne voie.
Christelle Zamora – Crédits photos (c)BonBecBohème – Tous droits réservés
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