Plus des deux tiers des communes de l’Hérault ont une vocation viticole. Cela place ce vignoble en pole position dans le Languedoc. L’Hérault offre encore la plus grande diversité de vins à indications géographiques de France.
Le vignoble héraultais s’étend sur 86 100 hectares, prenant de facto la place de deuxième département viticole français. Avec le Gard et l’Aude, il est un des trois départements côtiers du Languedoc. Ainsi, il s’étend des flancs du massif central aux zones littorales faites de plages et d’étangs. Là, le développement du tourisme des années 60 n’a pas entièrement évincé le vignoble du paysage.
Deux siècles avant Jésus-Christ, la vigne y était déjà présente. Ce sont les Grecs puis les Romains qui furent les premiers à l’implanter avant qu’elle ne soit sauvée par les monastères. Une époque dont l’abbaye de Valmagne est la plus flagrante incarnation. Le Canal du Midi (construit entre 1666 et 1681), puis le chemin de fer, sont ensuite venus conforter l’essor des vins du Languedoc. Et le département deviendra au fil des siècles massivement producteur de vin de table.
Les vignes y furent vouées à l’expansion jusqu’à l’épisode du phylloxéra. Puis le vignoble fut ravagé en 1863 et la révolte de 1907. Celle-ci marqua fortement la mémoire collective. Fin des années 70, le vigneron-syndicaliste Jean Clavel a milité pour produire moins mais mieux, œuvrant pour la qualité. C’est donc d’un vignoble de masse de terroirs à forts rendements dont il a fallu se départir pour en arriver au niveau de qualité actuel.
Des pionniers du vin
Alors les vignerons languedociens ont été innovants. Cela au point de lancer la mode des vins de cépages, aventure menée de concert par le négociant Skalli à Sète et les vins de pays d’Oc. Le Languedoc, territoire viticole pionnier en France a montré l’exemple. Et notamment celui d’une production de vins d’appellation diversifiée complétée d’une offre de vins de pays de belle facture.
En trente ans, le Languedoc-Roussillon a exploré ces voies parallèles et complémentaires dont l’Hérault est un pilier. Ici les vins à IGP -Indication Géographique Protégée- représentent plus de 80% de la production. Certains vins de pays ont un rayonnement mondial. À commencer par ce blanc réputé du domaine Mas Daumas Gassac à Aniane et des vins du Languedoc dans les années 80. Puis en 1994, c’est Gérard Bru qui a fait connaître dans le monde les vins de Puech-Haut à Saint-Drézèry.
Autre joyau de l’Hérault, ce blanc sec cultivé sur les communes de Castelnau-de-Guers, Florensac, Mèze, Montagnac, Pinet et Pomérols qu’est le picpoul de Pinet. Un blanc sec devenu la référence des amateurs de coquillages au-delà des frontières de l’Hérault. Côté rouges, l’Hérault soigne son caractère avec l’appellations Faugères au nord de Béziers. Puis sur le versant sud du Caroux, l’appellation Saint-Chinian ou Minervois, bordée par le Canal du Midi ont bien grandi.
L’appellation Languedoc regroupe désormais les appellations Grès-de-Montpellier, Terrasses-du-Larzac, Pic-Saint-Loup, Pézenas, Picpoul-de-Pinet. Des zones où se trouvent les terroirs de Cabrières, Saint-Saturnin, Montpeyroux. Mais aussi Saint-Georges-d’Orques, Saint-Drézéry, la Méjanelle, Coteaux-de Vérargues et Saint-Christol. Outre des vins tranquilles, la production se diversifie en vins doux naturels. Et un vin effervescent, la Clairette du Languedoc, dont le vignoble (100 ha) domine le fleuve Hérault.
Le royaume des vins doux naturels
Déjà dans l’Antiquité, les vins liquoreux du Languedoc avaient une renommée. Puis au XIIIème siècle, Arnaud de Villeneuve découvrit le principe du mutage toujours employé pour la production de muscat. Les muscats de Frontignan, de Lunel, de Mireval et de Saint-Jean-de-Minervois, ont donc pris corps sur les terres héraultaises.
Entre Nîmes et Montpellier, le muscat de Lunel s’étend sur 321 hectares (5329 hl). Entre Sète et Mireval, la zone du muscat de Frontignan s’enracine entre l’étang de Vic-la-Gardiole et l’étang de Thau. Le terroir de Mireval borde quant à lui la commune de Frontignan à l’ouest sur 260 hectares (4776 hl), un terroir cerné du massif de la Gardiole au nord puis de la mer et des étangs au sud.
À Saint-Jean-de-Minervois, 195 hectares (4250 hl) sont perchés à 200 mètres d’altitude, c’est la récolte la plus tardive du département. « Reconnue en 1936 par l’Inao -Institut National des Appellations d’Origines- lui même créé en 1935, le muscat de Frontignan est l’une des plus anciennes AOC de France. La cave coopérative de Frontignan représente 397 hectares et 17 000 hl produits, soit la moitié des volumes du département. Tous les muscats sont réalisés à partir d’un seul cépage, le muscat à petits grains », commente Christophe Miron, président des muscats de l’Hérault.
La production annuelle est évaluée à 35 000 hectolitres (4 millions de cols). Si elle reste une niche, la commune de Frontignan et les restaurateurs en font la promotion. Ils se déclinent désormais en gammes de muscats secs, effervescents, moelleux. Au-delà des coopératives de Lunel et Frontignan, des muscats renommés sont aussi élaborés en caves particulières. Notamment Clos Bellevue à Lunel, Mas de Madame à Frontignan, le domaine de La Belle Dame à Mireval ou celui de Barroubio à Saint-Jean-de-Minervois, pour ne citer qu’elles.
Christelle Zamora, photo : ©CIVL (vignoble de Picpoul de Pinet)
Cet article a été publié sous une autre forme -régionale- dans Midi Libre. Notamment dans son hors série Midi Tourisme. Et cela durant plusieurs années depuis 2011. Puis cet article a été écrit, sous une forme proche de celle de ©BonBecBoheme, dans un Hors Série de Vent Sud (Objectif-LR) en 2013.
- À lire sur @BonBecBohème : Sur les IGP Pays d’Oc
L’Hérault, le grand vignoble de France
Plus des deux tiers des communes de l’Hérault ont une vocation viticole. Cela place ce vignoble en pole position dans le Languedoc. L’Hérault offre encore la plus grande diversité de vins à indications géographiques de France.
Le vignoble héraultais s’étend sur 86 100 hectares, prenant de facto la place de deuxième département viticole français. Avec le Gard et l’Aude, il est un des trois départements côtiers du Languedoc. Ainsi, il s’étend des flancs du massif central aux zones littorales faites de plages et d’étangs. Là, le développement du tourisme des années 60 n’a pas entièrement évincé le vignoble du paysage.
Deux siècles avant Jésus-Christ, la vigne y était déjà présente. Ce sont les Grecs puis les Romains qui furent les premiers à l’implanter avant qu’elle ne soit sauvée par les monastères. Une époque dont l’abbaye de Valmagne est la plus flagrante incarnation. Le Canal du Midi (construit entre 1666 et 1681), puis le chemin de fer, sont ensuite venus conforter l’essor des vins du Languedoc. Et le département deviendra au fil des siècles massivement producteur de vin de table.
Les vignes y furent vouées à l’expansion jusqu’à l’épisode du phylloxéra. Puis le vignoble fut ravagé en 1863 et la révolte de 1907. Celle-ci marqua fortement la mémoire collective. Fin des années 70, le vigneron-syndicaliste Jean Clavel a milité pour produire moins mais mieux, œuvrant pour la qualité. C’est donc d’un vignoble de masse de terroirs à forts rendements dont il a fallu se départir pour en arriver au niveau de qualité actuel.
Des pionniers du vin
Alors les vignerons languedociens ont été innovants. Cela au point de lancer la mode des vins de cépages, aventure menée de concert par le négociant Skalli à Sète et les vins de pays d’Oc. Le Languedoc, territoire viticole pionnier en France a montré l’exemple. Et notamment celui d’une production de vins d’appellation diversifiée complétée d’une offre de vins de pays de belle facture.
En trente ans, le Languedoc-Roussillon a exploré ces voies parallèles et complémentaires dont l’Hérault est un pilier. Ici les vins à IGP -Indication Géographique Protégée- représentent plus de 80% de la production. Certains vins de pays ont un rayonnement mondial. À commencer par ce blanc réputé du domaine Mas Daumas Gassac à Aniane et des vins du Languedoc dans les années 80. Puis en 1994, c’est Gérard Bru qui a fait connaître dans le monde les vins de Puech-Haut à Saint-Drézèry.
Autre joyau de l’Hérault, ce blanc sec cultivé sur les communes de Castelnau-de-Guers, Florensac, Mèze, Montagnac, Pinet et Pomérols qu’est le picpoul de Pinet. Un blanc sec devenu la référence des amateurs de coquillages au-delà des frontières de l’Hérault. Côté rouges, l’Hérault soigne son caractère avec l’appellations Faugères au nord de Béziers. Puis sur le versant sud du Caroux, l’appellation Saint-Chinian ou Minervois, bordée par le Canal du Midi ont bien grandi.
L’appellation Languedoc regroupe désormais les appellations Grès-de-Montpellier, Terrasses-du-Larzac, Pic-Saint-Loup, Pézenas, Picpoul-de-Pinet. Des zones où se trouvent les terroirs de Cabrières, Saint-Saturnin, Montpeyroux. Mais aussi Saint-Georges-d’Orques, Saint-Drézéry, la Méjanelle, Coteaux-de Vérargues et Saint-Christol. Outre des vins tranquilles, la production se diversifie en vins doux naturels. Et un vin effervescent, la Clairette du Languedoc, dont le vignoble (100 ha) domine le fleuve Hérault.
Le royaume des vins doux naturels
Déjà dans l’Antiquité, les vins liquoreux du Languedoc avaient une renommée. Puis au XIIIème siècle, Arnaud de Villeneuve découvrit le principe du mutage toujours employé pour la production de muscat. Les muscats de Frontignan, de Lunel, de Mireval et de Saint-Jean-de-Minervois, ont donc pris corps sur les terres héraultaises.
Entre Nîmes et Montpellier, le muscat de Lunel s’étend sur 321 hectares (5329 hl). Entre Sète et Mireval, la zone du muscat de Frontignan s’enracine entre l’étang de Vic-la-Gardiole et l’étang de Thau. Le terroir de Mireval borde quant à lui la commune de Frontignan à l’ouest sur 260 hectares (4776 hl), un terroir cerné du massif de la Gardiole au nord puis de la mer et des étangs au sud.
À Saint-Jean-de-Minervois, 195 hectares (4250 hl) sont perchés à 200 mètres d’altitude, c’est la récolte la plus tardive du département. « Reconnue en 1936 par l’Inao -Institut National des Appellations d’Origines- lui même créé en 1935, le muscat de Frontignan est l’une des plus anciennes AOC de France. La cave coopérative de Frontignan représente 397 hectares et 17 000 hl produits, soit la moitié des volumes du département. Tous les muscats sont réalisés à partir d’un seul cépage, le muscat à petits grains », commente Christophe Miron, président des muscats de l’Hérault.
La production annuelle est évaluée à 35 000 hectolitres (4 millions de cols). Si elle reste une niche, la commune de Frontignan et les restaurateurs en font la promotion. Ils se déclinent désormais en gammes de muscats secs, effervescents, moelleux. Au-delà des coopératives de Lunel et Frontignan, des muscats renommés sont aussi élaborés en caves particulières. Notamment Clos Bellevue à Lunel, Mas de Madame à Frontignan, le domaine de La Belle Dame à Mireval ou celui de Barroubio à Saint-Jean-de-Minervois, pour ne citer qu’elles.
Christelle Zamora, photo : ©CIVL (vignoble de Picpoul de Pinet)
Cet article a été publié sous une autre forme -régionale- dans Midi Libre. Notamment dans son hors série Midi Tourisme. Et cela durant plusieurs années depuis 2011. Puis cet article a été écrit, sous une forme proche de celle de ©BonBecBoheme, dans un Hors Série de Vent Sud (Objectif-LR) en 2013.
- À lire sur @BonBecBohème : Sur les IGP Pays d’Oc
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