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L’Ostal Cazes, vin et tourisme en Minervois
Jean-Charles Cazes
En France - Tourisme - Vinotrip - Vins

L’Ostal Cazes, vin et tourisme en Minervois

En Minervois, la longue cheminée du caveau de L’Ostal Cazes intrigue, sur la route qui mène à La Livinière. Alors, à mi-chemin entre Narbonne et Carcassonne, on s’y arrête volontiers pour une visite-dégustation. Le domaine construit par un Bordelais en impose.

Classé en appellation Minervois et en appellation communale Minervois La Livinière, L’Ostal Cazes est parmi les domaines les plus connus. Et il figure donc parmi ceux qui produisent un cru du Languedoc. Entendez par là, des vins de terroirs à image, complexes, rares et expressifs qui font parler d’eux.

En Minervois, le terroir de La Livinière a été porté aux nues depuis 1999 par des vignerons obstinés. À vouloir montrer l’exemple, on attire souvent la lumière. Aussi quelques années plus tard, le propriétaire du Château Lynch-Bages projette d’investir en Minervois.  Si aujourd’hui le domaine de L’Ostal Cazes est idéalement situé pour le tourisme, c’est qu’il a été pensé avec les yeux d’un visionnaire.

D’abord, il est proche du village de La Livinière qui a donné son nom au cru où ce domaine inscrit un vin de niche. Alors, en quelque sorte, Jean-Michel Cazes a eu de l’intuition en 2002. Ajoutez à cela un peu de chance pour l’achat du bâti survenu un an plus tard. La légende de L’Ostal Cazes pouvait alors s’écrire car, la tuilerie Saint-Joseph où se situe le chais, offre sa cave de vinification et une vitrine au domaine. Pour Jean-Charles, directeur de L’Ostal Cazes, ce choix s’est imposé :

« Mon père a donc acheté 150 hectares dont 60 ha vignes et 25 ha d’oliviers. Cette oliveraie de 4500 arbres dont la récolte est manuelle permet la production d’huile d’olive. Au cours d’un voyage de prospection, nous avons été séduits par la beauté des paysages du Minervois. Et puis le contexte de cette appellation nouvellement créée nous a plu. Alors, nous avons acheté des parcelles de vignes, puis assemblé le domaine en 3 ans. »

Avec une gamme simple et lisible, L’Ostal reflète le savoir-faire bordelais. À la fois sobre et classieux, le visiteur attentif observe ici un certain art de vivre. D’abord un portrait de Dali préside aux cimaises, vouées aux expositions éphémères. Car le domaine des arts côtoie ici, comme à Bordeaux, celui des vins. Sans doute est-ce autant une question d’esthétique que de parti pris. Et puis le propos de Dali « Qui sait déguster le vin ne boit plus jamais mais goûte des secrets » prend tout son sens.

 

La restructuration du vignoble

Pour finaliser son projet, la famille Cazes choisit d’élaborer des vins du sud et de terroir. Elle fait alors le choix de restructurer le vignoble. C’est Daniel Llose qui a mené l’affaire, mettant son savoir-faire au service de la famille Cazes. Au vignoble, les Bordelais plantent donc de la syrah, cépage phare du Minervois et du carignan, cépage historique en Languedoc. Mourvèdre et grenache complètent ensuite les vignes plantées sur des sous-sols de grès calcaires aux surfaces marneuses.

Des vins simples

Si la propriété de L’Ostal Cazes a été une belle endormie, sa renommée s’éveille alors peu à peu. Et pour cause, la production de L’Ostal s’élève désormais à 2 millions de cols. Des IGP Pays d’Oc, une gamme de vins de domaine et une activité de négoce ont même été créées. Les vins de propriété représentent quant à eux 150 000 cols. Du côté des cépages blancs, à peine 3 hectares de viognier, de marsanne et de roussanne sont en production. Et puis, une infime proportion de cabernet et cabernet-franc nourrissent la gamme de vins de pays du domaine.

Le seul blanc du domaine – IGP Pays d’Oc – est simple, sur les arômes primaires de fruits frais de poire et de cardamone. Assez rond, il se boit en apéritif mais peut bien se tenir sur une table frivole en été. À 12 euros départ cave, dix mille cols produits trouvent sans peine des amateurs.

Enfin, L’Ostal Cazes produit un rosé – IGP Pays d’Oc – de négoce dont la production est passée de 2000 à 35000 cols en quelques années. Ce rosé – syrah, grenache – est de ces vins friands et frais prisés des consommateurs. Inférieur à 10 euros, il est d’un bon rapport qualité-prix.

Un rouge coeur de gamme expressif

Ensuite la gamme de rouges comporte un vin de domaine (L’Ostal Cazes Estibals) et un grand vin (L’Ostal Cazes Grand Vin, AOC Minervois La Livinière). Là s’exprime la discipline bordelaise. Côté domaine, AOC Minervois, L’Ostal Cazes Estibals 2012 – syrah, carignan, grenache – a un nez fumé, de fruits noirs et une bouche gourmande. Version 2014, l’élevage en fûts Lynch-Bages usagés apporte un nez de vanille et d’épices. Ces arômes secondaires sont complétés en bouche de notes de gibier avec de la rondeur. 

Un grand vin de niche

L’Ostal Cazes Grand Vin en Minervois La Livinière est la cuvée haut de gamme du domaine, son ADN. Le millésime 2012 s’ouvre sur des arômes de garrigues, de fruits noirs et de violette. Les tanins fondus et élégants donnent du soyeux en bouche. Déjà beau, il est prêt à boire mais peut encore gagner à vieillir. Version 2011, les arômes de menthol s’associent au thym, au laurier, à la garrigue sur des tannins fondus. Il marie avec brio l’élégance à une bouche charnue.

Le millésime 2009 est moins opulent, plus kirsché. Des notes chocolatées lui donnent une allure plus classique que les deux précédents. Sur 2007, un nez de pruneau, fraicheur et couleur signent le millésime. Une bouche douce et vanillée est encore sur les épices. Ce vin peut donc être consommé ou conservé plusieurs années encore. Le millésime 2005 dégage des arômes de truffe et de champignon. Avec un peu moins de tenue que le 2007, il semble prêt à boire. 

Une huile d’olive délicate


L’Ostal Cazes produit aussi une huile d’olive élaborée à partir de variétés de picholine, lucques, verdal. Finalement, autre trait distinctif, le domaine cultive la plus grande oliveraie du Minervois. Cette huile a des notes végétales d’artichaut et un fruité vert à tomber !

Christelle Zamora – Photo d’ouverture Jean-Charles Cazes pour ©BonBecBohème

 


Christelle Zamora est une journaliste indépendante spécialisée dans le vin, la gastronomie et le tourisme. Elle a une formation de juriste en droit de la vigne et du vin, a suivi les cours du Wine and Spirit Education Trust (WSET), level 2 et 3. Impliquée dans la presse écrite de 1999 à ce jour, elle a co-écrit le Hors Série "1907-2007, un siècle rouge ardent" sur l'histoire du Midi rouge, période de fronde des vignerons languedociens et l'avancée de la mondialisation à compter des années 2000, pour Midi Libre. Pour ce titre, elle a intégré la rédaction des magazines pour 3 ans puis a été l'auteur d'un guide culturel. Parmi les artistes de la Bible de l'art singulier, éditions Livre d'Art en 2010. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont "Limoux, vignoble d'histoire et de légendes" aux éditions Privat (nov. 2018), "Le vin en 365 jours" aux éditions PlayBac (oct. 2019), Le vin et la dégustation intuitive aux éditions Féret (nov. 2019).

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