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Les belles quilles de saint-jo blanc
aoc saint-joseph
Auvergne-Rhône-Alpes - Choses bues - En France - Vins

Les belles quilles de saint-jo blanc

Dans la famille des vins de la vallée du Rhône septentrional, l’appellation (AOP) saint-joseph, alias saint-jo pour les aficionados, multiplie les millésimes d’exception. Quelques quilles de saint-jo blanc pour passer l’été en beauté !

Le cadre de l’appellation est unique. Car le vignoble en terrasses sur des collines granitiques tutoie un panorama éblouissant. Ajoutez quelques joyaux culturels et l’évasion peut commencer. On peut d’ailleurs débuter une immersion dans le patrimoine viticole de l’AOP saint-joseph par une balade en bateau au fil du Rhône. Là, la vue est imprenable sur les vignobles environnants.

De Chavannay au nord à Guilherand-Grange au sud, le vignoble de l’AOP saint-joseph s’étend sur 45 km. Et ce sont les Jésuites de Tournon-sur-Rhône qui lui ont donné son nom. Cela au XVIe siècle ! Ce sont-ils imaginé que 5 siècles plus tard, 1200 hectares de saint-jo seraient cultivés ! Peut-être pas … De surcroît, le vignoble est aujourd’hui bien réparti en coteaux dans des zones très qualitatives.

L’encépagement se compose de syrah uniquement pour l’AOP saint-joseph rouge. Puis pour l’AOP saint-joseph blanc, une majorité de marsanne cohabite avec une pointe de roussane. Ils ne sont pas si nombreux sur l’AOP saint-joseph à cultiver cette capricieuse roussane aux qualités aromatiques uniques.

Et puis, à 60 ans passé, l’appellation saint-joseph a su cultiver fraicheur et diversité. Ce qui n’est pas si facile avec seulement 3 cépages. Du côté des vieux millésimes, saint-jo sort ses 2009. Et oui l’appellation est réputé pour l’aptitude de ses vins à la garde. Entendez qu’ils s’embellissent avec le temps. Ce n’est pas le cas de tout le monde ! Mais bon ça c’est pour les rouges, on a dit le blanc pour l’été !

Depuis quelques années, toute l’appellation a recentré ses vignobles en coteaux. Aujourd’hui, il n’est donc plus possible d’installer un vignoble de saint-jo en plaine. C’est la qualité qui prime sur la productivité. Et du côté des blancs, de vrais perles se font désirer  qui savent d’une part tenir leur rang dans la gastronomie, mais aussi se conserver de 5 à 8 ans pour mieux s’exprimer dans votre gosier !  Si c’est pas mignon…

Quelques belles quilles de st-jo blanc

appellation saint-joseph blanc

AOP saint-joseph blanc, Maison Denuzière (c)BonBecBohème

La maison Denuzière, ancien négoce historique de Condrieu depuis 1876 produit un joli blanc issu de marsanne en AOP saint-joseph. Petite maison de négoce, elle s’enracine désormais en AOP saint-joseph. Le vignoble est implanté sur un terroir granitique. Et il s’en ressent dans le vin une jolie tension. Et de la fraîcheur. Ces jolis amers invitent à se resservir. Très à propos sur du poisson, des huitres. Avec des copains, se boit sans soif. Comptez 17 € TTC départ cave.

 

La Croix des Vignes de Paul Jaboulet Ainé

Et puis, il y a l’incontournable Paul Jaboulet Ainé racheté par la famille Frey. il faut dire que cette famille bordelaise collectionne les domaines ou les marques d’exception. Depuis 2009, ils ont donc transformé la gamme Jaboulet. A ce propos, les millésimes 2009 et 2014 du domaine de la Croix des vignes signent la réussite de vins issus de parcellaire. Entendez donc d’une seule parcelle. Une sorte de cru de la maison. En AOP saint-joseph blanc, La croix des vignes 2016 est exceptionnelle. C’est son premier millésime en biodynamie. Ce blanc se compose de marsanne et de roussane, la bouche est sur l’équilibre avec une pointe d’amertume. Taillé pour la garde, ce blanc là est de la race de ceux qui durent. L’élevage en demi-muid et dans des oeufs en ciment, apporte sont trait de raffinement. Tendu, riche, gras et aromatique, avec cette cuvée, on peut affirmer que chez Jaboulet, les blancs sont revenus au premier plan. Comptez 40€ TTC environ, pour les amoureux de blancs aromatiques. De surcroît cultivés en bio ou biodynamie, ce n’est pas excessif et ça se garde pour une belle occasion.

Les Oliviers, Ferraton en AOP saint-joseph blanc

Toute petite production que ce lieu-dit Les Oliviers blanc 2016 de la maison Ferraton. Ce tout jeune millésime est parmi les meilleurs de l’appellation saint-joseph blanc comme son précédent 2015. De surcroît, ce vin cultive l’élégance d’un parcellaire et d’une vinification soignée. Ce qu’on aime ? La culture en biodynamie et la tension d’un très beau vin. S’il faut débourser 40€ pour un vin comme celui-là, ce n’est pas si cher quand on sait le travail au vignoble. La parcelle se trouve dans le coeur historique de l’AOP saint-joseph, entre Tournon et Mauve. Les vignes ont une quarantaine d’années. La marsanne et la roussane sont à parts égales dans cette cuvée.

Pour autant, le terroir se lit à pleine bouche dans ce vin tendu, frais, droit dans ses bottes. Une finale saline offre une longue expression en bouche, signature d’un vin de très belle facture. Il ne s’en fait que 1500 cols par an. Pour de belles occasions, de la gastronomie de haut vol ! Sur du homard, de la lotte, des poissons nobles, des volailles avec morilles et truffes. Un vin de gastronomie et de garde !

Domaine Verzier, Granit AOC saint-joseph blanc

Autre vin blanc pour l’été, ceux du domaine Verzier Chante-Perdrix. Philippe a repris la ferme familiale en polyculture. D’abord en 1988, il se retire de la cave coopérative. Puis durant 10 ans, il va planter : 2 ha de Condrieu, 1 peu de vigne en côte-rôtie, puis achète de la vendange. En 2010, il se converti à l’agriculture bio. Et depuis 2013, Philippe vise la biodynamie ! Les vendanges sont manuelles. Les vins sont très aromatiques, le travail de vinification est soigné. Il met en valeur l’assemblage des cépages marsanne-roussane. Cette cuvée Granit est gourmande et présente l’avantage d’être plus abordable, seulement 16,5€. On l’achète les yeux fermés avec ses notes d’amende, de fleurs d’acacia. Idéal sur un fromage de chèvre, en apéritif, un repas léger.

Domaine Jacouton, AOP saint-jo blanc

Domaine JF Jacouton

Enfin, la cuvée Souvenirs d’André (saint-joseph blanc) de Jean-François Jacouton, un saint-jo 2017 est à découvrir. Ce p’tit vigneron récemment installé a repris quelques hectares de vignes familiales. Il se démène donc pour produire des vins à la hauteur des saint-jo et en hauteur s’il vous plait. 

On a bien aimé la simplicité du bonhomme, le joli profil de son vin, frais sur une entrée poissonneuse ou à l’apéritif. Il vous en coûtera 19,5€ départ cave et le vigneron reçoit de petits groupes en dégustation. Raison de plus pour s’y arrêter !

Pour les amoureux de vin nature, il y a sur l’appellation un vigneron assez lunaire qui porte sur lui la nature de ses vins. C’est le domaine baptisé La ferme des 7 lunes, à visiter, à voir, à connaître pour ceux qui aiment ces vins que pour le moment, mais je me soigne, j’ai parfois peine à comprendre. Dans tous les cas, Jean Delobre est un vigneron qu’il faut rencontrer pour parler des vins qui se racontent. Finalement, l’appellation saint-joseph surprend même sur les blancs si minoritaires, par sa diversité et son ouverture.

Christelle Zamora, photos tous droits réservés (c)BonBecBohème

 


Christelle Zamora est une journaliste indépendante spécialisée dans le vin, la gastronomie et le tourisme. Elle a une formation de juriste en droit de la vigne et du vin, a suivi les cours du Wine and Spirit Education Trust (WSET), level 2 et 3. Impliquée dans la presse écrite de 1999 à ce jour, elle a co-écrit le Hors Série "1907-2007, un siècle rouge ardent" sur l'histoire du Midi rouge, période de fronde des vignerons languedociens et l'avancée de la mondialisation à compter des années 2000, pour Midi Libre. Pour ce titre, elle a intégré la rédaction des magazines pour 3 ans puis a été l'auteur d'un guide culturel. Parmi les artistes de la Bible de l'art singulier, éditions Livre d'Art en 2010. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont "Limoux, vignoble d'histoire et de légendes" aux éditions Privat (nov. 2018), "Le vin en 365 jours" aux éditions PlayBac (oct. 2019), Le vin et la dégustation intuitive aux éditions Féret (nov. 2019).

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